Poêmes

L’enfance.

 

Il y a bien longtemps,

Quand le monde était sage,

Quand les hommes étaient grands,

Quand l’Amour était seul partage,

Quand l’argent était absent.

 

Perdu dans la quiétude de ses songes, il dormait.

 

Dans la confiance de l’instant,

Dans le bonheur de sa respiration,

Dans la douceur de l’infini amour,

Tel un chérubin bienheureux, il dormait.

 

Et la mère contemplait.

Et le père veillait.

 

Dans la tiédeur de la nuit étoilée,

Chacun s’émerveillait de la tendre lueur

Qui enveloppait l’enfant adulé. 

Que l’amour se tarisse, et la clarté s’éteindrait.

 

Chacun le savait.

Chacun veillait.

 

Parfois sous le boisseau,

Tantôt baigné d’une vive clarté,

Ici tout près, ou loin très loin

Jusqu’à des milliers d’années lumières,

Le fil d’Or de l’Amour devait demeurer.

 

Avec hardiesse le père gardait.

Avec discernement, la mère tissait.

 

Inexorablement, encore et toujours,

Elle maintenait le fil ténu,

Dans l’écheveau de ses jours.

Et telle une force vive,

Mêlée d’ardeur et de tendresse,

Elle alimentait le sang qui la reliait à sa chair.

 

Quand la mère connaissait le prix de la naissance,

Quand le père amoureux veillait, véritable gardien du temple,

Dans la confiance établie, paisiblement, l’enfant s’élevait .

Dans l’Amour infini, il déroulait le chemin de son avenir.

 

Tresse et tisse et lie et délie sans fin, le fil d’Or qui le mène à la Vie..

 

 

La nuit tombe sur ma peine.


Elle étend son long manteau sombre sur mon  âme frêle .
Je  m'allonge dans la moiteur  du soir et je m'interroge.

Qu'il est long le chemin parcouru,
Combien de  détours, combien d'obstacles encore,
Pour retrouver la paix de ma maison.

La peur et les doutes aiguisent  la justesse de mes choix.
Je reviens vers le but,
L'arc se cambre  accueillant la flèche.
Le but et la flèche ne font qu'un.
Mais l'archer tremble encore un peu.
Il hésite quand l'effroi taraude  l'épée du juste.

Où es tu, toi qui sais sans avoir appris ... Toi sur qui aucun mot n'a de prise.
Où es tu mon âme, quand  je crains de me tromper de route, quand tu oublies de répondre à mon appel.
Pourquoi tant de silences quand se voile mon espérance.

Mon chevalier est la, déjà sur l'autre rive.
Il m'attend.
Il m'encourage  quand mon pas se fait hésitant.
Il sait mes espoirs, il connait mon amour et mes inquiétude aussi.

Et je sais qu'il rêve d'une vie douce avec sa belle.
Mais patiemment il attend.
Il laisse se lever chaque jour sans aller vers demain.

Il goûte  la saveur  de l'instant, Seul moment qui advient vraiment.
Seul temps hors de l'illusion.
Il sait que le gué est tout proche,
Qu'elle va bientôt traverser et se lover dans ses bras.

Cela seul lui suffit.

Il la voit....elle est presque là ...
Elle lance ses longues jambes, qui dansent d'une pierre à l'autre.
Elle effleure à peine là surface de l'eau .
Elle vole, à moins que l'eau ne se soit retirée ...
Nul ne sait, mais soudain elle est déjà là.
Elle à traversé .

Des qu'ils s'etreignent, le sentier s'ouvre au creux de là foret.
Les arbres s'écartent s'inclinant devant leur passage,
Dessinant le chemin d'amour qui les ramène  à là paix de leur maison.

 

 

Un jour s’en vient,

 

Un jour s’en va, un jour s’en vient.

Et chacun à son tour, passe et passe, comme s’effeuille la marguerite.

Incessant renouvellement , toi qui n’émerveille personne.

Regarde ces gens, goulus comme des ogres, qui sans vergogne te consomment.

Dilapidant comme des inconscients, ce qui constitue le plus beau des présents,

Ils vivent dans l’oublie de la vie.

 

Un jour s’en va, un jour s’en vient.

Et sans fin, les hommes courent sans faim.

Ils travaillent et dorment et s’agitent, et courent…. Toujours.

Toujours en quête de l’inaccessible étoile,

Ils s’immolent sur des autels insolites,

Consacrant leur vie, à ces idoles de pacotille,

 

Un jour s’en va, un jour s’en vient.

Au delà de l’argent, bien plus loin que la gloire, loin, loin, au delà du pouvoir.

Loin bien loin, un jour ordinaire où rien ne laissait rien présager ,

En moi et en dehors de moi,

Est né un ravissement merveilleux et incomparable.

Fleurissant d’allégresse chacun de mes souffles.

 

Un jour s’en va, un jour s’en vient.

Et tu es là tout près de moi.

Dans la quiétude de ta tendre douceur,

Je dessine des jours providentiels, au goût de félicité.

Ouvrant mes grands yeux d’infante, et mon cœur empli d’Amour

Je regarde, je m’étonne, j’accueille et je remercie.

 

Un jour s’en ira, un jour viendra

Et chacun à son tour, chacun unique et accompli.

Tu déposeras ma main au creux de tes rêves,

Et chaque jour, avant que le jour ne se lève,

Nous écrirons un hymne à la vie.